Formation Gattegno ~ avril 2012

La formation Gattegno des 18, 19 et 20 avril 2012

Laissez-nous apprendre !

 

Pour la deuxième fois depuis la création de Graine d’école a eu lieu une formation à la pédagogie Gattegno, proposée à nouveau par Christian Duquesne. Cette fois, le sujet choisi était : les mathématiques avec les réglettes Cuisenaire. Une vingtaine de personnes ont participé à ces trois jours de formation, dans la belle salle des arcades à Saint-Martin-en-Haut.

 

Christian nous a invités à jouer, manipuler, chercher, découvrir, comprendre, partager, expliquer… en un mot à apprendre. Pourquoi avons-nous effectivement appris ? Tout d’abord parce que nous avions envie de le faire : nous étions là parce que nous avions un projet d’apprentissage. Nous étions dans une démarche personnelle.

 

L’autre raison est qu’on nous a laissés jouer : j’ai redécouvert combien le jeu est source d’apprentissage, même pour les adultes que nous sommes. La manipulation libre des réglettes nous a amenés à aller de découverte en découverte. Et là, nous avons retrouvé les concepts mathématiques oubliés, ou jamais compris, ou appliqués depuis de nombreuses années sans y mettre du sens. Christian a eu cette grande intelligence de ne pas s’imposer, de nous laisser faire, de ne pas nous déranger dans nos processus d’intégration.

 

Il y a une autre raison au fait que nous avons réellement appris : nous avons expliqué aux autres l’état de nos démarches, ce qui fonctionnait ou pas, ce que nous avions découvert, compris. A chaque fois que l’un d’entre nous expliquait à ce groupe attentif et bienveillant, il renforçait l’intégration personnelle de ce qu’il venait d’apprendre.

 

Enfin, et je dirai que c’est sans doute le plus important, nous étions dans un climat de confiance, ce que Jacques Lévine appelait « l’espace hors-menace ». Le groupe a soutenu pendant ces trois jours chacun de ses membres. Nous savions que nous pouvions tâtonner, nous tromper, proférer des énormités mathématiques : personne ne se moquerait de nous. Dans ce contexte, la prise de risque que représente l’apprentissage était aisée.

Christian a eu une attitude pédagogique avec nous qui s’approche du génie : il y avait dans le déroulement de ces trois jours tout ce qui permet à l’élève d’apprendre et d’intégrer.

 

Ce vécu de l’apprentissage est éclairant pour moi dans la manière dont les enfants apprennent. Ils ne sont sans doute pas si différents de nous, finalement.

Il faut d’abord qu’ils ressentent le besoin d’apprendre. Il faut qu’ils se situent eux-aussi dans un projet. L’enfant qui vient à l’école parce qu’il est obligé, ne sachant pas pourquoi il est là, ce qui l’attend, ce qu’il a à gagner à être présent, a peu de chance de se mettre dans une véritable démarche d’apprentissage.

Il faut aussi laisser à l’enfant le temps du jeu, de la manipulation, de la découverte. Même si ce n’est pas gratifiant pour l’enseignant, même si le résultat n’est pas perceptible, même si on a l’impression qu’il ne se passe rien, cette démarche est fondamentale pour aller plus loin. Si on la passe, si on donne à l’enfant les réponses avant qu’il ne les ait lui-même trouvées, on l’empêche d’accéder au savoir.

Et puis, il faut également que l’enfant ait l’occasion de présenter à ses pairs ce qu’il a appris, compris, comment il a fait, ce qui lui a manqué. Pour cela, je mesure combien les situations de tutorat sont riches pour chacun, et combien les prises de parole de l’élève face aux autres sont formatrices si elles ne sont pas en permanence interrompues par l’enseignant.

Et l’enfant, comme nous, a besoin de sécurité pour apprendre. C’est sans doute ce qui est le plus difficile à mettre en place dans une école. Il doit sentir que le groupe le soutient, que personne ne va se moquer de lui. Il doit ressentir la bienveillance du collectif, élèves et enseignant confondus. Il ne doit pas avoir le sentiment que les questions servent à le piéger, ou qu’on se servira de ce qu’il explique pour le juger. Il doit se sentir important et apportant aux yeux des autres.

 

Au-delà de cette réflexion sur l’apprentissage, il est difficile de décrire ce qui s’est passé : une rencontre de personnes très motivées, voulant donner de leur temps pour approfondir leur recherche et leur questionnement. Le travail et la réflexion de chacun ont dépassé le sujet prévu : nous n’avons pas simplement redécouvert les mathématiques, nous avons également, chacun à notre niveau, mené une recherche approfondie sur notre rôle d’enseignant et de parent.

A l’issue de ces trois jours, le fourmillement des idées et des projets nous amène à envisager d’autres formations avec Christian ; pourquoi pas l’étymologie de la langue française ou encore la géométrie avec la pédagogie Gattegno ?

Un grand merci à Christian, mais aussi à tous les membres du groupe, pour ces trois jours exceptionnels.

Corinne, pour Graine d’école

Le groupe au grand complet...
Le groupe au grand complet...
Nos doigts, vraies calculettes...
Nos doigts, vraies calculettes...
Recherches effrénées dans la bonne humeur !
Recherches effrénées dans la bonne humeur !

      Une pause repas bien méritée !